« L’enjeu des risques nucléaires tant civils que militaires menacent l’humanité » (animée par Denis Guenneau, Philippe Segers, Patrick Viveret)

L’année 2021 est riche en évènements pour la lutte antinucléaire, que ce soient les commémorations de la signature du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (le Tian), les 10 ans de la catastrophe de Fukushima, les 35 ans de celle de Tchernobyl, les 76 ans de Hiroshima et Nagasaki. Pourtant la mobilisation contre la menace nucléaire est des plus faibles en France, alors que les probabilités d’avoir un accident majeur dans une centrale nucléaire, ou un déclenchement à tort d’un tir de missiles nucléaires, tout comme l’enfouissement des déchets nucléaires pour en cacher la dangerosité, n’ont jamais été aussi fortes. En menant des actions concertées avec les différents acteurs traditionnels de la lutte antinucléaire civile ou militaire, il s’agit pour cette pirogue de relancer la dynamique de mobilisation et d’information du grand public pour contrer la communication rassurante du lobby nucléaire proche du pouvoir actuel.

Une autre menace existentielle : celle de la destruction des écosystèmes (dérèglement climatique et risque de sixième grande extinction des espèces), celle d’un hiver nucléaire militaire non volontaire. Le risque est en effet double : d’une part les accidents dus à des défections dans les systèmes d’alerte (confusion avec des phénomènes météorologiques, avec des chutes de satellite etc.) peuvent conduire à des déclenchements de plus en plus automatisés, des représailles massives sans véritable discernement ni même décision politique. De l’autre cette automatisation qui tend à ce que l’on peut appeler un” pilotage algorithmique” qui rend d’autant plus aisés les risques de type cyber-attaques qu’elles viennent de groupes terroristes ou d’états. C’est pourquoi ce risque accidentel doit être traité avec le même degré d’importance que le dérèglement climatique ou les atteintes majeures à la biodiversité car ils menacent là aussi clairement l’existence de l’humanité.

Ce risque devrait être pris au sérieux, non seulement par les acteurs qui œuvrent pour l’abolition des armes nucléaires – et qui ont signé et ratifié le traité du même nom- que par les puissances nucléaires elles-mêmes puisque ce risque ruine le principe même de toute dissuasion.

Il nous faut donc aussi lancer ce débat dans le monde entier car, au moins sur ce point, tout dépend des humains, ce qui n’est hélas plus le cas du climat où l’on peut craindre certaines formes d’irréversibilités dans le dérèglement.

Dans tous les cas, c’est le degré de conscience et la qualité de débat public qui constitue pour l’humanité une “arme de construction massive”…